Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/95

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Ivan Dmîtritch cracha une seconde fois et se recoucha.

– Maudite vie ! grommela-t-il. Et ce qu’il y a d’amer et d’affligeant, c’est que cette vie ne finit pas comme à l’Opéra en apothéose et par la récompense des souffrances ! Elle finit par la mort. Il vient des moujiks qui traînent par les pieds et par les mains votre cadavre dans la cave ; brrr !… Bah, qu’importe ?… Puisque dans l’autre monde viendra notre tour ! Je leur réapparaîtrai comme une ombre et épouvanterai toutes ces canailles. Je leur ferai blanchir les cheveux.

Moïseïka rentra, aperçut le docteur et lui tendit la main :

– Donne-moi un petit kopek ! lui dit-il.


XVIII

André Efîmytch s’était mis à la fenêtre et regardait les champs. Il commençait à faire nuit et à droite, sur l’horizon, se levait une lune froide et rouge. À une centaine de toises de la barrière de l’hôpital, une maison blanche se dressait, entourée de murs blancs, c’était la prison.

– Voilà la réalité ! songea André Efîmytch, et il eut peur.