Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/102

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même ; si je ne m’abuse, c’est l’interprétation la plus lumineuse de la nature humaine. Car le bonheur ou le malheur d’une société dépend des directions que s’impose le génie de l’homme ; l’histoire démontre, aussi bien que la morale, qui n’est jamais écoutée, que toutes les calamités ne proviennent que de la trop grande personnalité de l’homme de génie, et que, si ceux dont la vocation a été de conduire les hommes et de les inspirer avaient pu être assez grands pour se sentir moins indépendants à l’égard de leurs passions, ils n’eussent pas épouvanté le monde par les audaces de leurs témérités toujours suivies de ruines et de hontes. Lorsque le génie se trompe, il se perd, et, dans sa chute, il entraîne tout son siècle. Ces catastrophes ont moins de retentissement, quand le génie qui méconnait ses devoirs est un génie-écrivain, mais les résultats n’en sont pas moins funestes.

C’est pourquoi nos sages, en décrétant la vertu obligatoire, ont senti exactement l’instinct de la conservation de l’humanité. C’est en ceci qu’il