Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/104

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pourrait être ; on convient que la vertu serait suffisante à elle seule pour inspirer l’art dramatique, mais les spectateurs feraient défaut : ils aiment mieux Niniche.

L’art n’a rien de commun avec ces farces, très drôles, c’est très exact, mais qui corrompent le goût et gâtent le cœur. On ne peut guère estimer ceux qui se plaisent à ces obscénités.

La scène a d’autres visées que de chatouiller des passions vulgaires ; c’est un vilain métier que ce métier-là. Le théâtre doit, au contraire, élever l’âme des spectateurs en soulevant des enthousiasmes et des émotions qui font du bien. Et cela est incomparablement plus amusant ! Vous ne le croyez pas ? essayez ! Le frisson qui s’empare de l’âme quand elle est empoignée, cette délicieuse étreinte qui vous tient comme isolé au milieu d’un monde abstrait et vous livre tout entier au pouvoir d’une pensée, sont des sensations indéfinissables. Et, lorsque cette sensation est amenée par le mouvement d’indignation que produit un acte d’injustice ou d’oppression, ou bien par la