Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/119

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Vous soupirez après l’indissoluble union du Youen et du Yang[1] ; vous êtes comme le phénix mâle qui ne veut pas se séparer de la compagne qu’il aime. Je crains bien que, dans votre aveuglement, vous ne préfériez la stupide immobilité de l’oiseau Ngo au vol audacieux de l’oiseau Pong.

TSAÏ.

Oui, tu ne songes qu’au plaisir, et tu ne crains pas d’argumenter contre ton père.

TSAÏ-YONG.

Ciel ! moi, tenir tête à mon père ? O mes parents, est-ce votre fils qui oserait vous susciter des obstacles ? Hélas ! je le répète, je ne suis retenu ici qu’à cause de votre grand âge. Mon père, supposez qu’une inondation survienne ; que dira-t-on ? On dira d’abord que votre fils a manqué de piété filiale ; qu’il a abandonné son vieux père, sa vieille mère, pour courir après je ne sais quelle place, quelle magistrature ; ensuite on accusera mon père d’imprévoyance, on alléguera qu’il n’avait qu’un fils et qu’il l’a forcé d’entreprendre un voyage long, aventureux. Vraiment, plus j’y réfléchis, plus il m’est difficile d’obéir à vos ordres.

TSAÏ.

Que tu n’obéisses pas à mes ordres, cela dépend de toi ; mais dis-moi un peu ce qu’il faut entendre par ce mot Hiao (piété filiale) ?

MADAME TSAÏ.

Ciel ! vous avez plus de quatre-vingts ans et vous ne

  1. Oiseaux symbolisant l’amour conjugal.