Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/175

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le monde des hommes qui ne rougissent de rien ; ils viendront.

SUN-FO.

Mais, mon frère, vos craintes sont sans fondement. Ma belle-sœur ne se laissera pas séduire.

LA FEMME DE YO-CHEOU, entrant.

Quel langage tenez-vous là ? j’ai tout entendu. De pareils soupçons sont injurieux pour moi. Eh ! de grâce, dans l’état où vous êtes, bannissez de votre esprit les mauvaises pensées. Allez, quoi qu’il arrive, je resterai dans le veuvage. J’habiterai avec mon fils, je ne contracterai pas de nouveaux nœuds ; femme, je n’ai jamais quitté la maison ; veuve, je n’en sortirai pas. Oserais-je regarder un homme en face, fi donc !


Le juge ne se laisse pas convaincre par les protestations de sa femme ; il est sans confiance. Il calcule toutes les occasions qui s’offriront à sa femme de sortir et de s’exposer aux regards des hommes ; il la voit même suivant son convoi.

— Tous les jeunes gens de la ville diront alors : « Yo, l’assesseur du tribunal, avait une femme d’une beauté accomplie : elle s’est toujours dérobée aux regards du public ; allons donc au convoi, nous la verrons. » Ah ! ma femme, dès qu’ils vous apercevront, ne seront-ils pas frappés