Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/194

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pièce est étonnante dans sa complexité ; il y a de tout ; mais un seul personnage, dès les premières lignes du prologue, s’empare de l’intérêt. C’est Tchao, cette jeune femme, belle et vertueuse, qui va personnifier en elle tous les héroïsmes de la piété filiale. Quels que soient les personnages qui occupent la scène, c’est elle, toujours elle, qui est le souci et l’inquiétude de l’attention. Que va-t-elle devenir ? Son jeune époux, obligé de céder aux remontrances paternelles, part pour la capitale, à la conquête des honneurs et de la richesse. L’infidèle ne revient plus. Au moins les coutumes l’excusent. Mais combien de fiancées ont été ainsi abandonnées ! combien de femmes ont pu accuser l’ambition d’avoir détruit leur bonheur ! combien de serments ont été échangés au moment des adieux, et qui n’ont pas eu assez de patience ! C’est de l’histoire humaine, et toute action qui s’inspire de ces sentiments est sûre de parvenir droit au but, arrivât-elle de Chine. L’infortunée Tchao, quelque abandonnée qu’elle soit, ne cède pas au désespoir ; malgré tout, elle