Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

méthode d’analyse qui sait désigner les points précis où doit s’arrêter l’observation, on arrive à cette conclusion : Quel que soit le titre de l’ouvrage représenté, quelles que soient les intrigues mises en jeu, quels que soient les incidents, deux seuls types servent de modèles aux auteurs : Scapin et Géronte, le trompeur et le trompé. C’est une règle générale. D’un bout du monde à l’autre, l’humanité est partagée en deux camps : dans l’un les exploiteurs, dans l’autre les exploités. Comme l’a dit très justement Voltaire, la moitié du monde se moque de l’autre.

J’ai dit, dans le cours de cet ouvrage, que Figaro était un guide excellent pour s’aventurer parmi les hommes ; j’aurais pu nommer aussi Scapin, son maître. Tous les deux possèdent, en effet, la clef merveilleuse qui ouvre toutes les difficultés ; tous les deux ont reçu du ciel « un génie assez beau pour toutes les fabriques de ces gentillesses d’esprit, de ces galanteries ingénieuses, à qui le vulgaire ignorant donne le nom de fourberies[1] » ;

  1. Les Fourberies de Scapin, acte I, scène II.