Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/28

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peuple ? savent-ils moins, parce qu’ils sont moins instruits ? Un ancien a dit qu’il ne savait qu’une chose, c’est qu’il ne savait rien. Il fallait être très fort pour dire cela.

J’en reviens à ma proposition, que la pensée seule fait valoir l’homme. Apprendre ne vaut pas chercher ; et, parmi les grands hommes qui ont fait faire un pas en avant à leur siècle, parmi ceux qui ont laissé dans un immortel souvenir l’empreinte de leur âme, combien qui n’étaient pas des érudits ! Croyez-vous que celui qui a écrit cette pensée : « Si vous avez quelque passion qui élève vos sentiments, qui vous rend plus généreux, plus compatissant, plus humain, qu’elle vous soit chère[1] ! » croyez-vous qu’il l’eût mieux exprimée, s’il eût été un érudit ? Je crois plutôt qu’il ne l’aurait peut-être pas exprimée ; car les sciences ont généralement le don de dessécher l’âme, de la rendre antipathique aux misères humaines, comme les richesses

  1. Vauvenargues.