Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/288

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SIAO-MAN.

Quel air joue-t-il ?

FAN-SOU.

Allons en cachette écouter au bas de cette fenêtre.

PÉ-MIN-TCHONG
Elle chante.______

La lune brille dans tout son éclat, la nuit est pure, le vent et la rosée répandent leur fraîcheur ; mais, hélas ! la belle personne que j’aime n’apparaît point à mes yeux ; elle repose, loin de moi, dans sa chambre solitaire. Depuis qu’elle a touché mon cœur, aucun oiseau messager ne m’apporte de ses nouvelles. Mon âme se brise de douleur, ma tristesse s’accroît de plus en plus, et cependant ma chanson n’est pas encore finie. Les larmes inondent mon visage. Mille lis me séparent de mon pays natal ; j’erre à l’aventure comme la feuille emportée par le vent.

SIAO-MAN.

Les paroles de ce jeune homme vous attristent le cœur.

FAN-SOU
Elle chante.______

J’ai senti mon âme se briser. La douceur de ses accents faisait naître par degrés le trouble au fond de mon âme ; sa voix touchante inspire l’amour. Avec quelle vérité il a dépeint les tourments de cette passion ! Ne croirait-on pas qu’en prenant sa guitare, il a voulu décrire votre abandon, votre tristesse ? Ne semble-t-il pas dire qu’en dehors de sa fenêtre, il y a une