Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/310

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persuader qu’il l’est, et même de manière à rendre des points à ses lecteurs. Je connais un monsieur très bien mis, qui dit toujours : « C’est très drôle ! » Avant que vous ayez ouvert la bouche : « C’est très drôle ! » tout est « très drôle ». Il est la consolation des journalistes en rupture de bonne humeur. Il m’a avoué que c’était un tic, qu’il ne pouvait plus s’en débarrasser, et qu’il l’avait gagné dans la société des gens de lettres, où le « C’est très drôle ! » était fort en honneur, il y a quelque quarante ans. Aujourd’hui, on dit mieux : « C’est drôle... » en traînant un peu la voix, avec un air demi-sérieux et presque ennuyé. « C’est drôle... » Car vous remarquerez que, pour beaucoup de gens, ce qui est drôle n’amuse plus. Ils consentent, par esprit de conciliation, à avouer que... c’est drôle ; mais ils n’ont plus la foi de l’enthousiaste « C’est très drôle ! »

Eh bien, ces gens-là sont dans le vrai. On leur a tant de fois repassé sous les yeux les mêmes phrases, les mêmes choses drôles, que ça ne les amuse plus. Ce qu’un nouveau venu, un homme