Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/321

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courses et les hommes emportés sur des chevaux fougueux passer devant mes yeux dans un nuage de poussière. A peine puis-je distinguer leurs traits ; ce sont des ombres. Les sages, qui les regardent, leur jettent à la hâte leurs formules et leurs livres : il en est qui détournent la tête et font des signes de loin ; ils voudraient s’arrêter, mais la course les entraîne : ils n’ont pas le temps. Là-bas est le but, là-bas, dans la cohue. Il faut arriver premier. Le présent est le moment qui passe, semblable à la bulle d’air qui emprisonne notre respiration et qui se dissipe en un instant. On voudrait revenir sur ses pas, recommencer le chemin, s’arrêter, enchaîner le temps qui se précipite avec tout son cortège de déceptions. Mais c’est un rêve d’halluciné ; il faut disparaître à son tour dans le tourbillon où s’en vont toutes les ambitions et toutes les richesses, avec les désirs inassouvis, les regrets et les désespoirs, gouffre où se confondent toutes les inégalités, néant pour les uns, éternité pour les autres, une pincée de cendres que le vent disperse pour ceux-là,