Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/349

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Les moralistes qui en ont publié quelques extraits se répètent depuis le commencement du monde : ce sont des indiscrets. Ce qu’ils disent, chacun le sait : il suffit d’ouvrir son livre. Nous en faisons nous-mêmes l’aveu, chaque fois que nous lisons quelque pensée, feuille détachée du livre secret ; nous la reconnaissons : « Oh ! que c’est vrai ! » disons-nous, gaiement ou tristement, selon le sujet ; et nous voyons la page de notre livre où la même pensée était écrite... encore une de révélée ! Combien de fois ne sommes-nous pas tirés de notre indifférence par ces voix importunes qui résonnent comme les grelots du souvenir ! Ils retentissent à nos oreilles, comme des plaintes quelquefois : « Tant que tu seras heureux, dit Ovide, tu compteras beaucoup d’amis, mais que ton ciel se couvre de nuages, tu seras seul... seul ! » Que de fois cette page a été écrite ! ! Rien n’est plus commun que le nom, dit La Fontaine, en parlant de l’amitié, rien n’est plus rare que la chose. » Alors il nous arrive de penser, si notre ciel est heureux, que nous avons beaucoup d’amis