Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/44

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impressions d’un guerrier combattant sur les remparts ; il n’aura pas besoin de décors pour inspirer son patriotisme, et ses personnages entrent et sortent sans qu’il ait à s’occuper des coulisses : les plus beaux décors du monde gâteraient ses impressions : car l’âme créatrice voit mieux que les yeux. Notre public participe en quelque sorte de ce tempérament de l’artiste.

Ce n’est pas là une théorie, et les mœurs théâtrales des Occidentaux, quelque différentes qu’elles soient, n’y contredisent nullement. Au contraire, elles confirment l’existence de cette faculté qui crée l’illusion, puisqu’elles favorisent tous les moyens, même les plus violents, pour la contraindre à se manifester dans l’esprit du spectateur le plus rebelle à ces sortes d’impressions. On entend quelquefois des personnes avouer qu’elles se sont laissé empoigner, et s’excuser presque en disant : « L’illusion était complète ! » Que de moyens il a fallu mettre en action pour en arriver à ce résultat ! Si vous analysiez tous les effets, depuis le geste, depuis même la tonalité