Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/55

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peuple soumis à une seule volonté. Souvent le directeur est un de ces déclassés qu’un coup de tête aura jeté dans les aventures, ou bien un excentrique qui, pour se venger d’une disgrâce méritée, aura tenu à déshonorer son nom. Il y a des fous de toutes les espèces. Quelquefois aussi c’est un comédien de carrière qui aime son métier. Car, si ce n’était le mépris, cette vie en pleine liberté, hors des contraintes de la vie sociale serait bien la plus heureuse qu’on puisse souhaiter — Vivre à peu près comme l’oiseau et ne passer dans les villes que pour en amuser les habitants, juste le temps de leur exposer leurs vices et de se moquer d’eux. Cela vaut toutes les gloires.

J’ai vu, aux abords des villes, ces êtres bizarres ; ils semblent détachés de tout. Ils n’ont ni foyer ni patrie ; comme les troubadours ils sont errants. Ils sont comédiens et ils s’en vantent. Je crois qu’ils sont heureux ; du moins ils n’ont pas l’air des gens qui ne sont pas heureux, ce qui est facile à constater. On serait porté à croire leur