pensée, la fixant dans des limites précises et se condamnant lui-même à suivre des règles implacables de césure et de nombre, ce vers qui devra choisir sa finale, de manière à être une expression harmonieuse : est-ce la nature qui vous rendra capable de le composer ? C’est le travail, tout bêtement.
Je me rappelle avoir lu, dans un vieil auteur français du XVIe siècle, du Bellay, ces lignes éloquentes : « Qui veut voler par les mains et bouches doibt longuement demeurer en sa chambre ; et qui désire vivre en la postérité doibt, comme mort en soi-même, suer et trembler maintes fois ; et, autant que nos poètes courtisans boivent, mangent et dorment à leur aise, endurer de faim, de soif et de longues vigiles. Ce sont les ailes dont les escrits des hommes volent au ciel. » Je donne volontiers tous les livres d’un siècle pour ce splendide témoignage : n’y sentez-vous pas le ton de la vérité ? Et quel tour de phrases ! Mais il n’est pas tendre pour le métier d’auteur : cela donne froid. Il est vrai qu’on ne doit s’im-