Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/99

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derniers retranchements. Ils ont inventé une expiation future pour les poètes qui auraient eu l’indélicatesse d’exciter les spectateurs aux mauvaises passions. D’après eux, ils souffriraient, le lendemain de la mort, d’atroces supplices dont la durée serait égale à celle de leurs pièces sur la terre. Que les auteurs se rassurent donc. L’idée est certainement ingénieuse, mais elle ne vaut pas le châtiment immédiat : car la crainte des châtiments futurs n’a jamais inspiré grande terreur, et, dans tous les cas, à en juger par les dispositions de ce législateur fantaisiste, c’est un supplice qui ne serait pas très fréquent dans le monde étoilé, où les sages nous promettent l’éternité, et la rareté du fait pourrait peut-être adoucir les ressentiments du grand justicier.

Cette institution du châtiment post mortem est généralement très bien accueillie dans nos mœurs : elle fait son effet. Je sais beaucoup de voleurs qui s’en contenteraient, même à titre de commutation de peine ; mais, pour les délits qui ne peuvent être atteints par le bambou, ces