Page:Tcheng Kitong - Les Chinois peints par eux-memes, Calmann Levy, 1884.djvu/280

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L’AMOUR


L’empereur Ming-Noang désirait posséder
La beauté la plus parfaite de son empire.
Mais, durant plusieurs années,
Ses recherches étaient restées infructueuses.
Cependant, dans la famille de Yong, existait
Une jeune fille, déjà nubile, resplendissante de beauté.
Mais elle restait chez ses parents et n’était pas connue.
La beauté créée par la nature
Ne peut pas rester ignorée :
Elle fut choisie et conduite à l’empereur.
Mille grâces naissaient de son sourire :
A la cour, la beauté la plus vantée pâlissait auprès de la sienne.
Lorsque, à la fraîcheur du printemps,
Elle se baignait dans l’étang de Hoa-Tscing
On eût dit que son corps était diaphane,
Et quand elle sortait de l’eau tiède,
Elle semblait s’élever, comme un être idéal, sans pesanteur.
Elle était accablée de la faveur du souverain ;
Ses cheveux flottaient comme des nuages ;
Son visage avait l’éclat des fleurs ;
Sa démarche était ailée.
Auprès d’elle les heures s’écoulaient trop vite.
Partout où l’empereur allait, même en voyage.
Elle l’accompagnait : tout était pour elle.
L’empereur lui a fait bâtir une maison d’or
Et des pavillons de jade ;
Ses frères, ses sœurs ont été anoblis,
Sa famille élevée aux honneurs.
De la tour la plus haute du pavillon
On entendait l’harmonie de sa joyeuse musique
Et la danse et les chants