Aller au contenu

Page:Tellier - Les Deux Paradis d’Abd-er-Rhaman, 1921.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à demi sur sa couche, et il eut encore la force de se recommander à voix haute à ses deux maîtres, en un double élan de foi et d’amour :

— Sidi Aïssa, prends pitié de moi au moment où je vais paraître devant Dieu dont tu es vraiment le fils ! — Sidi Mohammed, ne m’abandonne pas au moment où je vais être jugé par Allah, dont tu es vraiment le prophète !

Ce dernier effort l’épuisa. Il retomba, inerte. Il était mort.

Au même moment, l’âme d’Abd-er-Rhaman s’éleva dans l’air supérieur, laissant les prêtres des deux religions se disputer ici-bas son enveloppe mortelle.

VI

L’âme d’Abd-er-Rhaman était une vapeur subtile, transparente, figurant exactement le corps qu’elle avait habité. Le vieux tâleb avait toujours sa longue barbe grise et son front chauve. Seulement, il était nu, et deux ailes lui étaient venues sur le dos.

En se balançant dans l’air, il regarda d’abord avec complaisance les maisons