Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/116

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que cette expression implique la reconnaissance d’une faute ou d’une erreur. Il n’en va pas toujours ainsi. Le repentir n’est souvent dans la bouche du bienfaiteur qu’un reproche adressé à l’ingrat qui n’a pas craint d’abuser du bienfait. Telle est ici la pensée du Créateur à l’égard de la personne de Saul, qu’il avait honoré du diadème. Il n’avait point failli en l’élevant à la royauté et en l’ornant des dons de l’Esprit saint, puisque ce roi était le plus vertueux et « sans égal parmi les enfants d’Israël » à l’époque de sou élection. Convenance et dignité, tout est sauvé. Mais Dieu ignorait-il ce qui suivrai !? Tu soulèverais l’indignation de tous, si tu imputais l’imprévoyance à un Dieu dont tu proclames la prescience, dès lors que tu admets sa divinité, car la prescience est un attribut essentiel de la divinité. Encore un coup, ce repentir accusait amèrement l’infidélité de Saul. L’élection de ce roi est irréprochable. Donc, les regrets divins sont la condamnation de Saul plutôt que de la divinité.

— « D’accord ; mais voici qui tombe directement sur elle. Il est écrit au livre de Jonas : Dieu considéra les œuvres des Ninivites ; il se repentit de la malice qu’il avait résolue contre eux ; et il ne l’exécuta point. » Jonas lui-même parle ainsi au Seigneur : « Je me suis hâté de fuir vers Tharse, car je vous savais un Dieu clément, accessible à la pitié, riche en patience et en miséricordes, et se repentant de sa malice. »

—Heureusement que Jonas a rendu dans ces derniers mots un hommage à la bonté de notre Dieu, à sa longanimité envers les pécheurs, à la richesse de ses miséricordes, à l’abondance de sa compassion pour ceux qui pleurent et reconnaissent leurs iniquités, comme faisaient alors les Ninivites. Si la bonté parfaite est l’apanage de celui qui possède ces qualités, il faut que tu abandonnes l’accusation en confessant que malice et bonté sont contradictoires dans un Dieu de cette nature.

— « Mais puisqu’au témoignage de Marcion lui-même. Un