Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/179

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les habitants du Pont, si je ne me trompe, t’aurait appris qu’il se compose d’éléments qui se repoussent mutuellement. Tu as oublié d’inventer auparavant un dieu pour la lumière et un dieu pour les ténèbres, afin de pouvoir ensuite départir à celui-ci la loi, à celui-là l’Evangile. D’ailleurs les seuls exemples placés sous nos yeux disent assez que celui dont les œuvres extérieures procèdent par oppositions, suit la même règle dans ses mystères.

II. Voilà en quelques mots notre réponse aux Antithèses. Je passe maintenant à la démonstration que l’évangile, dirai-je hébreu ? non assurément, que l’évangile pontique est falsifié. Ce sera comme le préambule de notre argumentation.

Nous établissons en principe que l’Evangile a pour auteurs, les apôtres, en vertu de l’ordre qu’ils avaient reçu du Seigneur lui-même, d’aller promulguer la bonne nouvelle. Les apôtres, disons-nous, ou, avec eux et après eux, les hommes apostoliques. Car la prédication des disciples aurait pu être soupçonnée de vaine gloire, si elle n’avait eu pour appui l’autorité des maîtres, je me trompe, l’autorité du Christ, qui avait délégué ses pouvoirs aux apôtres. Parmi les apôtres, Jean et Matthieu nous enseignent la foi. Parmi les hommes apostoliques, Luc et Marc répètent les enseignements de leurs devanciers, partent des mêmes principes, proclament avec eux un seul Dieu créateur, et Jésus-Christ son fils, né d’une vierge, consommation de la loi et des prophètes. Que l’enchaînement de leur narration diffère, peu importe, pourvu qu’ils s’accordent sur les dogmes fondamentaux, concordance qui ne se trouve point chez Marcion. Marcion, au contraire, n’assigne point d’auteur à l’Evangile, c’est-à-dire à celui qu’il s’est forgé, comme s’il n’avait pu supposer un litre à l’œuvre après avoir osé attaquer tout le corps de l’œuvre. Je pourrais m’arrêter là. C’en est assez pour récuser un ouvrage qui ne lève pas la tête au grand jour, qui ne présente aucune garantie, ni par l’authenticité de son titre, ni par la déclaration