Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/274

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Rien de caché qui ne se découvre, rien de secret qui ne se révèle ; » mais de peur qu’on ne s’imaginât qu’il faisait allusion à la révélation et à la connaissance d’un Dieu, autrefois inconnu et caché, il dit ensuite que leurs murmures et leurs réflexions secrètes sur lui-même : « C’est par Béelzébub qu’il chasse les démons, » paraîtraient au grand jour et seraient répétées par les hommes dans la suite des siècles, en -vertu de la promulgation de l’Evangile. Puis se tournant vers ses disciples : « Je vous dis à vous, mes amis, ne craignez point ceux qui tuent le corps, et ne peuvent rien de plus. » Mais Isaïe leur tient d’avance le même langage : « Le juste périt, et nul n’y pense dans son cœur. Or, je vous apprendrai qui vous devez craindre. Craignez celui qui, après avoir ôté la vie, a le pouvoir de jeter dans l’enfer, » désignant ainsi le Créateur. « Oui, je vous le dis, craignez celui-là. » Il me suffirait dans cette rencontre qu’il défendît d’offenser celui qu’il ordonne de craindre, qu’il enjoignît de se rendre favorable celui qu’il défend d’offenser, et qu’enfin l’auteur de ces ordonnances appartînt au Dieu dont il recommande l’amour, le respect et la crainte. Mais j’ai à m’appuyer encore des oracles suivants.

« Je vous le déclare, quiconque me confessera devant les hommes, le Fils de l’Homme le confessera devant les anges de Dieu. » Or ceux qui confesseront le Christ, seront tués par les hommes, mais sans avoir rien de plus à en craindre après leur immolation. Il désignera donc par là ceux qu’il avertit plus haut de ne point craindre l’immolation du corps, ne les affermissant d’avance contre cette immolation que pour y rattacher la nécessité de la confession : « Quiconque me renoncera devant les hommes, sera renié devant Dieu, » renié par celui-là même qui devait confesser qui le confesserait. Car, s’il confesse qui l’aura confessé, c’est lui aussi qui reniera qui l’aura renié. Or, si le confesseur n’a rien à craindre après la perte de cette vie, c’est au parjure qu’il reste à craindre après la mort.