Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/321

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arracher de sa bouche une déclaration à laquelle ils ne devaient pas croire. A celui-là donc de se cacher qui avait des droits à une reconnaissance spontanée. Et cependant il leur tend encore une main compatissante. « Désormais, dit-il, le Fils de l’Homme sera assis à la droite de Dieu, » N’était-ce pas leur suggérer avec la prophétie de Daniel « qu’il était le Fils » de l’Homme, et avec le Psalmiste, « qu’il s’asseyait à la droite de Dieu ? » Aussi, éclairés par cette parole et par la comparaison des Ecritures : « Vous êtes donc le Fils de Dieu, lui demandent-ils ! » Le fils de quel Dieu, sinon de celui qu’ils se rappelaient avoir dit à son Fils dans le Psaume : « Asseyiez-vous à ma droite ? » Mais il répondit : « Vous dites que je le suis. » Il a donc confirmé le titre qu’ils lui donnaient dans cette seconde interrogation. Or, comment prouveras-tu que ces mots, « Vous êtes donc le Fils de Dieu, » étaient interrogatifs dans leur bouche et non affirmatifs ? A une démonstration indirecte qu’il fallait le reconnaître pour le Fils de Dieu par le témoignage des Ecritures, ils répondirent par une question indirecte : « Vous êtes donc le Fils de Dieu ? » Les choses que tu ne veux pas déclarer ouvertement, le Christ, comme toi, les confirme d’une manière détournée : « Vous le dites. » Mais sa déclaration fut si bien comprise, qu’ils persistèrent, dans les conséquences de cette déclaration.

XLII. En effet, après l’avoir conduit devant Pilate, ils commencent à l’accuser « de s’être donné pour Roi, » sans doute pour le Christ, Fils de Dieu, qui « s’assiéra à la droite du Très-Haut. » D’ailleurs, en les supposant incertains s’il s’était donné pour le Fils de Dieu, ils lui eussent imputé tout autre grief, s’il n’avait prononcé : Vous le dites, comme une attestation qu’il était ce qu’ils disaient. A Pilate aussi, qui lui demande : « Vous êtes le Christ, » il se contente de répondre : « Vous le dites, » de peur que la crainte de la puissance ne parût lui en avoir arraché davantage. Voilà donc le Seigneur mis en jugement. «