Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/336

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frustrés dans leurs espérances, lorsqu’ils cherchaient à l’asservir, au joug du judaïsme, avant que Paul se fût assuré qu’il n’avait pas travaillé inutilement, avant que ses devanciers lui donnassent la main en signe d’unité, avant qu’il reçût de leur sanction l’apostolat des Gentils. Il fut donc obligé de céder pour un moment. Voilà pourquoi il fit circoncire Timothée, et introduisit des hommes rasés dans le temple, circonstances mentionnées, dans les Actes, et tellement vraies qu’elles s’accordent avec cette déclaration de l’apôtre : « Je me suis fait juif avec les Juifs pour gagner les Juifs, et je vis sous la loi ancienne, à cause de ceux qui vivent sous cette loi. » De même pour compatir à la faiblesse de ces faux frères, il se fit en dernier lieu « tout à tous, afin de les gagner tous à son Dieu. » Si telle est l’interprétation nécessaire de la diversité de sa conduite, point de doute que Paul ne soit le prédicateur du même Dieu et du même Christ, dont il retient pour un moment les antiques cérémonies, quoiqu’il les regarde comme abrogées. Il n’eut pas manque de les répudier sur-le-champ, s’il eût annoncé un dieu nouveau. Ainsi Pierre, Jacques et Jean condamnent Marcion quand « ils donnent la main à Paul » dans ce traité où se distribuant les fonctions de l’apostolat, ils conviennent que Paul évangélisera les Gentils, et eux le peuple de la circoncision. Ils recommandent seulement à Paul « de se souvenir des pauvres. » « Des pauvres ! » Nouveau trait de conformité avec l’Evangile du Créateur, si miséricordieux pour les indigents, comme nous l’avons prouvé dans la réfutation de ton évangile. Tant il est vrai que la question roulait uniquement sur la loi, puisqu’il s’agissait seulement de la partie de la loi qu’il convenait de garder.

— Mais il reprocha publiquement « à Pierre de ne pas marcher droit dans la vérité de l’Evangile. »

— Assurément il le réprimanda, mais pourquoi ? Uniquement pour son inconstance au sujet des aliments ; que Pierre