Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/461

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I. La confiance des Chrétiens, c’est la résurrection des morts. Par elle, nous sommes des croyants : la vérité elle-même nous force à le croire. Dieu nous découvre la vérité ; mais la multitude s’en moque, s’imaginant que rien ne survit après la mort. Et cependant elle rend aux morts des honneurs funèbres, et cela avec des soins empressés, d’après les inclinations des défunts, suivant les mets des saisons, persuadée que ceux auxquels elle refuse tout sentiment, ont besoin même encore d’un peu de nourriture. Ce serait à moi plutôt de railler ce vulgaire qui brûle avec tant d’inhumanité des morts qu’il gorge ensuite d’aliments, les honorant ou les insultant par les mêmes flammes. O tendresse qui se fait un jeu de la cruauté ! Appellerai-je sacrifice ou dérision ces viandes déposées sur des cendres ?

Mais voilà que les sages eux-mêmes pensent comme la multitude. Rien après la mort, dit l’école d’Epicure. Sénèque répète aussi que tout finit à la mort, jusqu’à la mort elle-même. Il me suffit que la philosophie de Pythagore et d’Empédocle n’ait pas moins d’autorité. Mais les disciples de Platon proclament par opposition l’immortalité de l’âme. Il y a mieux ; ils affirment qu’elle rentre sur-le-champ dans des corps qui ne sont ni les mêmes, ni des corps humains, si bien qu’Euphorbe renaît dans Pythagore et Homère dans un paon. Toujours est-il qu’ils déclarèrent