Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/484

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de l’homme. Mais la chair, conçue, formée, engendrée avec l’âme dès le sein maternel, est aussi mêlée à l’ame dans chacune de ses opérations. Je veux bien que l’Apôtre l’appelle « un vase qu’il faut traiter avec respect ; » mais ailleurs, il ne laisse pas de l’appeler « l’homme extérieur, » c’est-à-dire ce limon qui le premier a été honoré du titre d’homme, et non de coupe, de glaive, ou de vase quel qu’il soit. La chair a été nommée vase, à cause de sa capacité, parce qu’elle contient l’ame ; homme, à cause de la communauté de nature qui l’ait d’elle non pas un instrument dans ces opérations, mais un véritable ministre. Le ministre répondra donc au jugement, quoique de son propre fonds il soit dépourvu de connaissance, parce qu’il est une portion de celle qui pense, au lieu d’être un instrument passif. L’Apôtre, sachant bien que la chair n’exécute rien par elle-même qui ne soit attribué à l’âme, l’appelle néanmoins « une chair pécheresse, » afin que nous ne la croyons pas délivrée du jugement, parce qu’elle agit sous l’impulsion de l’ame. De même, lorsqu’il impose à la chair des œuvres louables : « Glorifiez et portez Dieu dans votre corps, » dit-il, tout certain qu’il est que ce sont là des opérations de l’âme, il ne, laisse pas de les imposer à la, chair, puisqu’il lui en promet la récompense. D’ailleurs, les reproches n’auraient pas convenu à la chair si elle n’avait aucune part à la faute, pas plus que les exhortations, si elle n’avait aucune part à la gloire. Les reproches et les exhortations deviendraient inutiles par rapport à la chair, si elle n’avait point à attendre la récompense qui suit la résurrection.

XVII. Tout partisan peu éclairé de notre opinion s’imaginera peut-être que la chair doit être représentée au tribunal de Dieu, parce que l’âme en tant que substance incorporelle ne peut, sans le concours de la chair, éprouver ni supplice, ni rafraîchissement. Ainsi pense la multitude. Pour nous, nous déclarons ici que l’âme a une enveloppe, et nous démontrons dans un traité spécial qu’elle possède une substance