Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/486

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des actions. Enfin, Dieu n’ajourne ses jugements aux derniers jours que pour donner à sa vindicte les satisfactions qu’elle réclame par la représentation de la chair. Autrement, les supplices que les âmes endurent déjà dans les enfers ne seraient pas renvoyés à la fin des temps, s’ils n’étaient destinés qu’aux âmes.

XVIII. Jusqu’ici, je n’ai fait que jeter des fondements pour fortifier le sens de toutes les Ecritures qui promettent la résurrection de la chair. Cette vérité ayant pour elle d’augustes et légitimes patronages, je veux dire la dignité de la chair en elle-même, la puissance de Dieu, les exemples de cette même puissance, les motifs du jugement, et sa nécessité, il faudra interpréter les Ecritures, d’après Je préjugé de si graves autorités, et non suivant les rêves des hérétiques dont l’incrédulité est tout le fonds. En effet, on ne peut croire, disent-ils, qu’une substance, enlevée par la mort, soit rétablie, quoique dans la chair il n’y ait rien qui répugne à ce rétablissement, quoique ce rétablissement lui-même ne soit pas impossible à Dieu, ni inhabile à ses jugements. Oui, dogme tout-à-fait incroyable, si Dieu ne l’avait annoncé. Toutefois, quand même Dieu ne l’eût pas annoncé, il eût fallu présumer par nous-mêmes, qu’il n’avait pas été révélé d’en haut, à cause de la multitude des autorités qui en établissent la présomption. Mais puisqu’il est proclamé aussi par les voix divines, c’est une raison de plus de ne pas le comprendre autrement que le demandent les témoignages qui nous le persuadent, même sans l’autorité des voix divines. Voyons donc, en premier lieu, sur quelle inscription est gravée notre espérance ! Un seul édit de Dieu, j’imagine, est exposé aux regards de tous. Nous y lisons : RÉSURRECTION DES MORTS. Deux mots clairs, décisifs, lumineux. Je les aborderai, je les discuterai à fond, pour savoir à quelle substance ils s’appliquent. Lorsque Von me dit : La résurrection attend l’homme, il faut nécessairement que j’examine quelle partie de lui-même est destinée à tomber par la mort. En effet, rien ne devra