Page:Thaly - Chants de l'Atlantique suivis de Le ciel des Antilles, 1928.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
CHANTS DE L’ATLANTIQUE
30


Elle porte le songe au front du malheureux
Et le sommeil aux lits tragiques des malades,
Elle fait d’une mare un lac miraculeux
Et du brun rossignol suscite les roulades.

C’est l’heure où j’ai voulu méditer avec toi,
Sous l’azur étoilé des belles nuits profondes ;
Afin qu’à mon côté tu ressentes l’émoi
De n’être rien au cœur des siècles et des mondes.

Nous avons vu les jours et leurs décors nombreux :
L’océan empourpré, le couchant de topaze,
L’automne dans les bois allumant de grands feux,
Et la neige plongeant le monde dans l’extase.

J’ai voulu que chaque heure en frôlant notre amour
Lui laisse quelque peu de sa belle harmonie ;
Afin que nous puissions, au gré de chaque jour,
Mêler notre néant à l’éternelle vie.

Béatrice, je vais te montrer une nuit
D’une sérénité suave. Tout repose.
L’izard a déserté la fougère et le buis
Et le sphinx athropos ne frôle plus la rose.