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CHAPITRE PREMIER

LES IMAGES

Tout homme implique un monde d’images où domine un sens. S’il s’agit d’un écrivain, plus particulièrement d’un poète, plus particulièrement encore d’un poète lyrique, ce devient peut-être la question capitale de savoir parmi quelles images il a vécu. Mais l’étude des types imaginatifs est peu avancée. Les psychologues ont relié surtout à la question des idées générales leurs études sur les visuels, les auditifs, les moteurs et les subdivisions de ces formes mentales. Ils ne se sont pas occupés des poètes, vivants d’après un examen, morts d’après leurs œuvres. Victor Hugo seul a attiré l’attention, à cause de cet œil, énorme et omniprésent comme celui de la Conscience, que sa poésie suspend si visiblement sur le monde[1]. Dans le Lamartine de M. de Pomairols quelques indications fort bonnes sur l’allègement de la sensation rallient un peu cet ordre d’idées. Vers ou prose, l’étude psychologique de tous nos styles d’écrivains[2] reste à faire : je n’y vois qu’un

  1. Voir le Victor Hugo de M. Mabilleau. L’ouvrage de M. Edmond Huguet n’est encore qu’un recueil de fiches avec des lacunes.
  2. M. Chassé l’a tentée depuis dans quelques bons articles de la Grande Revue.