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Page:Thierry - Les Grandes Mystifications littéraires, 1911.djvu/120

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MYSTIFICATIONS LITTÉRAIRES


Avec Lafayette et Rochambeau, en compagnie de tant d’autres volontaires illustres : les Coigny, les Talleyrand-Périgord, les Lauzun, les Vaudreuil, les Ségur, il avait franchi l’Océan, porté aux insurgents d’Amérique le secours de son bras. Et, de sa camaraderie avec les « Enfants des Montagnes Vertes », des mêlées de Monmouth et de Yorktown, il rapportait en France une haine furieuse de l’Anglais, dont la frénésie indiscrète s’affirmait en toute occasion. On contait de lui, à ce propos, une extravagante équipée. À Schlestadt, où il tenait garnison, il s’était pris de querelle avec un compagnon de table d’hôte. Rodney, affirmait l’impétueux marquis, enivrait si bien ses équipages avant de les mener à la bataille, qu’il fallait ensuite hisser les prisonniers sur le pont des frégates françaises, « ainsi que des paquets de linge sale ». Or, le voisin était un « milord » et releva le propos. Un prodigieux duel s’ensuivit. D un commun accord, les adversaires résolurent de se battre en armures, « comme au combat des Trente ». Le jour convenu, dûment caparaçonnés d’acier, ils échangèrent force estocades. On ramassa les deux champions moulus, échinés,