Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/294

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s’ils ne le prêtaient pas, ou de remplir fidèlement leurs fonctions s’ils le prêtaient. Elle eut soin de déclarer qu’elle n’entendait pas violenter les consciences, qu’elle respecterait le refus de ceux qui, croyant la religion compromise par les lois nouvelles, ne voudraient pas prêter le serment ; mais qu’elle voulait les connaître pour ne pas leur confier les nouveau épiscopats. En cela ses prétentions étaient justes et franches. Elle ajoutait à son décret que ceux qui refuseraient de jurer seraient privés de fonctions et de traitemens ; en outre, pour donner l’exemple, tous les ecclésiastiques qui étaient députés devaient prêter le serment dans l'assemblée même, huit jour après la action du nouveau décret.

Le côté droit s’y opposa ; Maury se livra à toute sa violence, fit tout ce qu'il put pour se faire interrompre et avoir lieu de se plaindre. Alexandre Lameth, qui occupait le fauteuil, lui maintint la parole, et le priva du plaisir d’être chassé de la tribune. Mirabeau, plus éloquent que jamais, défendit l’assemblée. « Vous, s’écria-t-il, les persécuteurs de la religion ! vous qui lui avez rendu un si noble et si touchant hommage, dans le plus beau de vos décrets ! vous qui consacrez à son culte une dépense publique, dont votre prudence et votre justice vous eussent rendus si économes ! vous qui avez fait intervenir la religion dans la