Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/126

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bientôt dans le même style des compositions du meilleur goût, d’une élégance d’invention réelle. Ce sont des filets formant encadrements avec des accolades, des lignes courbes ou diagonales s’enlaçant les unes dans les autres, accompagnés de fleurons, d’arabesques que les Vénitiens avaient empruntés à l’art oriental et qu’on désigne sous le nom de l’imprimeur Alde, qui en ornait ses impressions.

Ces motifs en or plein, à filets ou azurés, alternaient avec les effets à froid dont on continuait l’usage et produisaient un effet harmonieux d’un certain charme. La pratique de ce genre n’allait guère en Italie sans l’emploi de vignettes banales et la surcharge de remplissages, comme les semis de points, par exemple, tandis qu’il en était tout autrement en France, où on le traitait avec une grande pureté de lignes et infiniment plus de sobriété. De là un ensemble aussi élégant que distingué, et par suite une supériorité incontestable, surtout si on y ajoute cette netteté d’exécution, provenant autant de la main-d’œuvre de l’ouvrier parisien que de la plus grande finesse de gravure de ses outils.

Ce style d’ornementation se prêtait aux combinaisons les plus variées, et c’est en s’appliquant à rechercher de nouvelles dispositions par l’entre-croisement des lignes, qu’on en arriva insensiblement, en subissant encore l’influence des nouvelles tendances découlant de la Renaissance, à créer un style quelque peu différent, et d’un effet presque neuf. Nous voulons parler ici de ces splendides reliures conçues avec une hardiesse inusitée jusqu’alors et dont les dessins, qu’ils soient simples ou très compliqués, ont un caractère de grandeur remarquable. Ce n’est, si l’on veut, qu’une seconde manière, mais alors très supérieure à la première.

Les filets simples ou doubles en or ou à froid du début sont remplacés par des bandes plus ou moins larges qui s’entrelacent dans des combinaisons sans nombre, un peu sévères parfois, mais toujours agréables à l’œil par leur élégance et la pureté du dessin. Les vignettes, comme les fleurons isolés, sont à peu près supprimés, et cependant quand à ces enchevêtrements de


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