Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/130

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de Médicis, pour Diane de Poitiers ou les derniers exécutés pour Grolier, en sont les spécimens les plus beaux et les plus extraordinaires par leur perfection. La variété de tous ces types est vraiment infinie et aucune description, tant minutieuse fût-elle, ne saurait valoir une simple visite à l’exposition permanente de la Bibliothèque nationale. Il s’y trouve un très grand nombre de volumes de ces royales provenances, ainsi que des Grolier non moins nombreux, et leur réunion constitue, pour l’amateur, la source d’initiation la plus sûre et la plus complète qu’il soit possible de désirer.

Toutes ces compositions, d’un sentiment artistique réel, révèlent chez leurs créateurs une élévation d’idées qui ne se présentera plus dans l’histoire de la reliure, à quelque époque que ce soit. De plus, leur exécution, sur laquelle il nous faut revenir, dépasse de beaucoup, pour le fini du travail, les reliures italiennes du temps, et cette supériorité, très appréciable dans les livres de François Ier, reliés à la fin de son règne, et principalement dans ceux de Henri II, se reconnaît encore bien mieux pour peu que l’on compare entre eux les volumes des célèbres bibliophiles, l’Italien Maioli et le Français Grolier[1].

Les ex-Maioli, reliés en Italie, sont d’une façon peu satisfaisante, tandis que le plus grand nombre des ex-Grolier sont des spécimens admirables de la réelle habileté des ouvriers auxquels on les doit. Or, si, parmi les livres du Trésorier de France, il en est qui furent vraisemblablement reliés dans la péninsule, où les devoirs de sa charge l’obligèrent à séjourner longtemps, et d’autres, qui, dit-on, furent exécutés à Lyon, comme les meilleures reliures lyonnaises, quels qu’en soient le mérite et la date, sont, ainsi que celles de Maioli, très loin de valoir les reliures parisiennes, ne faut-il pas croire que les volumes, à la marque du célèbre bibliophile, laissant à désirer du côté de la netteté du travail, auraient été reliés en Italie ou à Lyon, tandis que les plus belles reliures de sa bibliothèque seraient l’œuvre des plus habiles ouvriers de son temps, c’est-à-dire des Parisiens ?


PLANCHE
  1. Nous ne parlons pas de la bibliothèque de Marc Lavrince ni de celles de quelques autres bibliophiles du temps, car leurs livres, beaucoup moins riches que ceux de leurs émules, sont encore inférieurs comme façon à ceux de Maioli.