Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/132

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Il est regrettable toutefois de ne pas posséder une preuve authentique à cet égard, un document sans réplique, mais malheureusement il n’est pas plus possible d’appliquer aux ex-Grolier qu’aux autres beaux types de reliure de la plus grande partie du xvie siècle un seul nom d’artiste relieur ou doreur. Par suite de l’absence, à cette époque, dans les papiers de la corporation, de désignation exacte concernant la profession spéciale des membres qui en faisaient partie, soit les imprimeurs, libraires, relieurs et papetiers, on ne peut même citer avec certitude, comme ayant exercé la reliure, que les noms de très peu d’individus.

On connaît ceux de Guillaume Eustache et de Philippe Lenoir (1520), auprès desquels nous ne pouvons nommer, pour les trois premiers quarts du xvie siècle, que les relieurs parisiens qui suivent : Edmond Lefèvre (1500) ; Jean de Brie (1510), qui s’intitulait : libraire-doreur ; Guillaume Merlin (1530), chez qui se faisait aussi la dorure sur tranches ; Pierre Roffet (1510) et son fils Étienne Roffet, dit le Faucheux (1530), qui fut relieur du roi ; les frères Arnould et Charles Langelier (1535) ; Jean Bailleux (1544) ; Jean Corbon ; François Desperets (1545), relieur de la Chambre des comptes du roi ; Laurent Thomas, Hugues Rogier (1550) ; Geoffroy Tory, qui, outre ses entreprises diverses, avait encore chez lui un atelier de reliure ; Claude Piques (1552), relieur du roi ; Jean Cavelier (1557) ; Richard Breton (1558); Gilles Gilles (1558) ; Jean de Bordeaux (1565); et enfin Jean Canivet (1560), s’intitulant : Religator predicte Universitatis.

Ces renseignements, pour une période de plus de soixante années, sont d’autant plus insuffisants, qu’il n’existe aucun indice, d’après lequel on pourrait reconnaître le travail des uns ou des autres, si ce n’est pour Geoffroy Tory, dont on a plusieurs reliures à la marque du Pot Cassé. C’est, du reste, cette ignorance forcée qui constitue une des plus vives contrariétés de l’amateur de reliures ; l’anonymat dans lequel il lui faut laisser tous ces chefs-d’œuvre qu’il admire, est pour lui un sujet constant de regrets dont il doit cependant prendre bravement son parti et une fois pour toutes.