Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/138

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les décorait souvent, et suivant l’usage auquel ils étaient destinés, d’ornements en or véritable et parfois d’une finesse extrême. N’en était-il pas ainsi pour les écrins, les gaines, les coffrets à bijoux et autres petits meubles recouverts en peau très en vogue alors et dont les rares spécimens parvenus jusqu’à nous témoignent du soin qu’on mettait à les enjoliver, à les rendre aussi élégants que possible ?

L’artiste se servait alors de la roulette, des poinçons et surtout des petits fers à filets courbes, et c’est après avoir couché son or qu’il poussait avec assurance les filets doubles ou simples des contours, les fleurs, les rosettes et autres motifs de décoration. Supprimant la couche d’or, quand l’effet devait se produire à froid, il procédait de la même manière en employant toujours ces mêmes petits fers.

Cet art comportait, de la part de ceux qui le pratiquaient, des qualités que ne pouvaient avoir les doreurs de livres de ce temps, puisqu’ils ne les eurent jamais à aucune époque que par très rare exception, tandis qu’à en juger par leurs œuvres, les maîtres doreurs sur cuir d’alors, qu’ils les aient exécutées personnellement ou qu’ils n’aient fait que diriger leurs ouvriers, furent certainement des gens de goût, possédant un sentiment très vif de l’art décoratif et doués d’une habileté incontestable.

Enfin, si la surface de dimension restreinte de ces magnifiques reliures dont nous cherchons à connaître les auteurs, exigeait des effets moins larges que ceux nécessités par les tentures d’appartement, leurs compositions ne sont-elles pas exactement, quoique dans des proportions réduites, formées des mêmes agencements de lignes et d’entrelacs, des mêmes combinaisons de rinceaux, contournés avec la même grâce, en un mot, d’un style identique à celui de beaucoup de cuirs dorés de la même époque ? Ces compartiments de couleurs, traités par la peinture, procédé absolument étranger aux doreurs de livres, et au contraire très familier aux doreurs sur cuir, ne peuvent-ils pas, de plus, donner à penser que ce furent ces derniers qui les exécutèrent après les avoir imaginés eux-mêmes ?

Un grand nombre de reliures mosaïques, telles par exemple


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