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IX


Les seuls noms de relieurs que nous ayons cités jusqu’à présent, pour la première moitié du xviie siècle, sont ceux du Gascon et de Badier, dont les personnalités très en vue effacent sensiblement celles de leurs confrères. On ne saurait oublier, toutefois parmi ceux qui eurent à cette époque quelque réputation, les relieurs du roi Clovis Ève et Macé Ruette, son successeur, passant pour l’inventeur du papier marbré destiné à remplacer le papier blanc des gardes[1], et Pierre Portier, le créateur du parchemin vert naissant. Ils furent dans leur temps très occupés ainsi que les doreurs Giffard, Clopejau, Pigoreau, Ballagny et Pierre Gaillard ; ce dernier s’était même fait une spécialité de la dorure sur parchemin.

Après ces maîtres et vivant en même temps que le Gascon, il y eut encore les relieurs du roi Antoine Ruette, successeur de son père Macé, et Gilles Dubois, qui travailla aussi pour le cardinal de Richelieu, mais surtout Jean Cusson, reconnu, d’après La Caille, pour le plus habile relieur de son temps.

On connaît le travail de quelques-uns de ces maîtres par diverses reliures se composant de simples semis de lettres ou de fleurs de lys, n’ayant, par conséquent, guère d’originalité ; mais ne serait-il pas intéressant, d’après l’éloge catégorique de La Caille, de pouvoir juger, sur un spécimen sorti de ses mains, du talent de Jean Cusson et de voir si, contemporain du Gascon et même de Badier, il les suivit dans leurs manières ou s’en distingua par quelques particularités ? Malheureusement, on ne connaît aucune reliure qui puisse lui être attribuée authentiquement.

Après 165O, Jean Le Mire, Michon, Jérôme Musier, Eloy

  1. Ce papier, dont nous avons donné le procédé de fabrication à la biographie de Ruette, s’appelait papier marbré, papier peigne ou à l’aiguille, puis quand on en changea les dessins au xviiie siècle, on le désigna sous le nom de papier à l’escargot ou tortillon.