Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/186

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Il faut le reconnaître, l’ornemaniste eut la main heureuse et réussit admirablement ; aussi doit-on regretter que son nom ne soit pas parvenu jusqu’à nous. Padeloup n’eut donc que le mérite, croyons-nous, d’être un des relieurs qui employa le plus le nouveau système de décoration appliqué à l’embellissement des livres.

Ce style fut adopté à l’unanimité, pourrait-on dire, et pendant longtemps les doreurs ne firent plus pour les reliures riches que des dentelles à rinceaux ; ceux-ci aussi capricieusement qu’élégamment contournés s’enroulaient par des combinaisons multiples avec des motifs habilement choisis et bien placés, qui aidaient à varier d’aspect tous ces arrangements, à les différencier les uns des autres.

Les premiers types du nouveau genre de dorure semblent avoir été inspirés par la ferronnerie d’art dont les rampes d’escalier et les balcons en fer forgé du commencement du xviiie siècle sont des spécimens vraiment remarquables ; les fers gravés en vue des effets plein or rendent certainement cette supposition assez acceptable. (Voy. pl. XXIX.)

On peut de même très bien admettre que lorsqu’on modifia les dessins de ces dentelles en les compliquant davantage, ce sont les sculptures sur bois, les cuivres dorés des meubles et les bronzes d’ameublement de l’époque qui servirent de modèle et dont l’imitation amena les dessinateurs puis les graveurs à détailler les effets d’ombre et de lumière. (Voy. pl. XXX.)

Les relieurs Antoine-Michel Padeloup, Louis Douceur, Pierre-Paul Dubuisson, Pierre-Antoine Laferté, Jacques-Antoine Derome et son fils Nicolas-Denis, Pierre Vente, etc., furent les grands producteurs de ces riches décorations. Variées à l’infini dans leurs compositions elles n’étaient pas toutes exécutées par le même procédé ; aussi faut-il distinguer les dorures faites sur des livres de petits et moyens formats, avec de petits fers poussés à la main, dont le mérite est réel, de celles obtenues par des plaques de la grandeur du volume, frappées au balancier d’un seul coup, ou par des fragments de plaques se raccordant ensemble, imprimées en plusieurs fois. La décoration de ces


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