Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/34

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Henri Dubourg et Pierre Ducroq, ayant ouvert boutique avec la permission de la confrérie et non celle du syndic de la communauté, durent la fermer. Louis Frémery, Laurent Mérieux et Barthélemy Garoche s’étaient contentés de payer les droits d’ouverture de boutique à la confrérie ; il leur fallut payer de nouveaux droits au syndic nommé après le règlement de 1618. Du reste, ce conflit amena, le 19 décembre 1619, un accord définitif entre la confrérie et la communauté, d’après lequel, l’entrée dans la confrérie étant subordonnée à la réception de maître par le syndic, elle ne serait plus considérée comme formalité suffisante pour justifier du droit à la maîtrise.

Parmi les infractions se renouvelant souvent, l’une des plus fréquentes avait trait à cette obligation imposée aux libraires et aux relieurs d’habiter le quartier de l’Université. Ils avaient peine à s’y soumettre, il faut croire, car les arrêts du Parlement et les déclarations du Roi se succédaient presque chaque année pour leur défendre de demeurer même dans les collèges et autre part qu’au-dessus de Saint-Yves, sous peine de voir, dans les vingt-quatre heures, leurs ateliers et boutiques fermés et cadenassés et leurs marchandises saisies et vendues au bénéfice de la communauté[1].

L’observation de la fête du patron de la confrérie, soit saint Jean-Porte-Latine, était strictement obligatoire ; chaque confrère devait fermer boutique ce jour-là, et les rebelles qui s’y refusaient, sous prétexte qu’ils n’étaient locataires que d’une moitié de magasin, comme beaucoup de ceux qui habitaient au palais, avaient l’ordre « de mettre un tapis devant la portion qu’ils occupoient ».

On avait aussi à sévir contre les mauvaises têtes, insultant parfois les syndics et les adjoints ; mais alors on les condamnait « à porter honneur et respect » à celui qu’ils avaient injurié, sauf certains cas graves, où il n’y allait rien moins que de la prise de corps.

  1. L’enclos de l’Université allait « depuis la porte Saint-Bernard jusqu’à la porte de Nesle », le canal de la rivière passant sous le Petit-Pont faisant la séparation de l’Université.