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ii. — rivalen et blancheflor

nouailles, et qu’en un autre pays lointain il avait de grands domaines et une haute parenté. Alors il fut rapporté et plusieurs fois redit au roi que Rivalen avait pour sa sœur une forte inclination ; qu’il demanderait à l’épouser, s’il pouvait obtenir son agrément. Comme Rivalen surpassait les autres chevaliers en toutes les bonnes qualités qui conviennent aux hauts hommes, le roi aurait conclu leur union volontiers, à grand honneur, en une noble fête, si seulement Rivalen lui avait déclaré son désir. C’est pourquoi il sembla que le roi Marke favorisait parfois leurs entretiens.

S chap. XI.
[E 88-99].
G 1119-25.
À quelque temps de là, la nouvelle parvint à Marke que l’un de ses ennemis, menant une forte armée, avait chevauché sur sa terre ; si le roi n’accourait pas à la rescousse, il aurait vite fait de la dévaster tout entière (G)[1].

G 1126-30.
1132-39.
||* Aussitôt le roi Marke réunit une armée puissante, s’avança contre l’adversaire, lui tua et lui prit beaucoup d’hommes *||. « Le preux Rivalen se jette, hardi comme un lion, en pleine mêlée, navre ou tue les chevaliers qui l’approchent, se baigne dans le sang (S.) » ; *|| mais il est frappé à son tour d’une épée[2] qui lui transperce les flancs. Les siens le relèvent aussitôt à demi mort, G 1140-50.et l’emportent du champ de bataille, à grand deuil, vers Tintagel. La nouvelle se répand que Kanelangrès a été blessé mortellement dans la bataille. Alors, à la cour comme dans tout le pays[3],

  1. On reste incertain, à s’en tenir à la seule saga, s’il s’agit ici d’une guerre, ou de tournois, (cf. d’ailleurs la note de Kölbing, [206]). Ce sont pourtant de vraies batailles que Thomas a certainement, entendu, décrire, comme le montre la suite du récit (cf. E, v. 95), et c’est pourquoi j’ai adopté ici la version de G, de préférence à S.
  2. G, d’une lance.
  3. S, dans toute l’armée. Mieux vaut placer avec G à Tintagel la scène du regret de Rivalen, pour que Blancheflor puisse apprendre la nouvelle.