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« créé Lamartine, Hugo et Barbier[1], le sentiment de la méditation, ou de l’harmonie, l’ode, l’iambe… Notre littérature actuelle n’a d’autre sève primitive que lui ; sans lui nous ne posséderions pas aujourd’hui ce qui fait l’envie du monde contemporain. »

J’ai tenu à conserver à ces opinions de la vingtième année leur expression même, si imparfaite et si naïve soit-elle parfois ; dans ces bouillonnements, ce sont des germes qui fermentent. Leconte de Lisle, dès cette époque, était plein d’idées, selon le mot de Beaumarchais. À vrai dire, il n’avait pas encore choisi parmi elles ni fait la part de ce qu’il en devait conserver, mais, à vingt ans, ce qui importe c’est d’amasser un nombreux bagage, ne fut-ce que pour suffire à tout ce qu’il faut en jeter par dessus bord, pendant la traversée.

À la fin de son article sur André Chénier, Leconte de Lisle écrivait ceci :

« Nous entreprendrons maintenant d’examiner successivement le théâtre français depuis son origine jusqu’à Corneille et Molière,

  1. Plus tard, Barbier sera jugé par Leconte de Lisle « un mouton affublé d’une peau de lion assez bien ajustée dans les Iambes, mais tombée en de telles loques dans ses dernières poésies qu’il était désormais impossible de se méprendre sur la nature de l’animal. »