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Page:Tiercelin - Ropartz - Le Parnasse breton contemporain, 1889.djvu/42

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20 LE PARNASSE BRETON CONTEMPORAIN.

LES ANCÊTRES

HANTÉ de visions vaguement apparues,
Je rêve bien souvent, et ce rêve me point.
Aux poètes vêtant la grègue et le pourpoint,
Qui jadis s’en allaient en flânant par les rues.

Et je les vois passer encor. bayant aux grues,
chassant et bataillant, faucon ou dague au poing,
Ou discutant maint texte obscur en plus d’un point,
Chimériques toujours comme coquecigrues.

Humant le piot chantant l’amour à pleine voix,
Savourant les vins vieux et les propos grivois.
Moins prompts à manier la plume que l’épée,

Tels ils étaient, seigneurs, escholiers, damoiseaux.
Qui prenaient autrefois les vers à la pipée,
Comme un vol éperdu de célestes oiseaux!...

JAMAIS PUISQUE tout nous sépare ici-bas désormais,
Hélas!... Puisqu’au milieu des ivresses bénies,
Ils ne s’uniront pas sur nos lèvres unies.
Nos deux noms radieux qu’en secret je nommais!