Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il crut reconnaître pour l’avoir vu, en songe, ou dans une vie antérieure. Et cependant, quatre jours à peine s’étaient écoulés depuis qu’il était venu en ce même lieu, avec les maquignons de Béotie.

Quelle force l’avait ramené à son insu, par des chemins détournés, dans la plaine incendiée par le soleil, où, sur l’étendue des champs moissonnés, aucun être vivant, homme ou bête, n’était visible ?

Les arbres isolés ramassaient leur ombre bleue autour de leur pied. Tout était cendre lumineuse et lourd silence.

Au bord de la route, consumée en poussière blanche, s’élevait un grand tombeau de marbre gris, à coupole, flanqué de trois cyprès.

Machatès sentit la Chose l’attirer, à travers la terre profonde, la dalle scellée, la muraille et la porte de marbre. Les yeux fixes, il marcha comme un somnambule, tête nue sous les flèches du soleil. Et il tomba, le front en avant, mort, contre le seuil funèbre.