Page:Tinayre - La Rancon.djvu/251

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âgée. Il imagina celle-ci pieuse, vertueuse et malveillante, notairesse dans les environs de Périgueux ; l’autre, cérémonieuse et bavarde, préoccupée d’être « comme il faut » et de faire « ce qu’on fait ».

Les candélabres fleuris irradiaient une lumière joyeuse. Le regard de Chartrain effleura les convives assis autour de lui. Au centre, Vallier, maigri, pâli. Puis la tête spirituelle de madame Aubryot, montrant des cheveux de vieil argent, un teint de pêche mûre, d’admirables yeux de velours noir ; le visage sec de la cadette des Séverat, les cheveux blonds de madame Lachaume, la face haute en couleur de son mari, le profil énergique de Quérannes, le profil fier et fin de Moritz, la figure mate de Lussac, aux francs yeux bruns, à la barbe bronzée. Plus près, la petite tête de Suzanne Lussac, coiffée d’un casque de cheveux noirs, le cou nu émergeant d’un corsage mauve. Enfin, en face de Vallier, Jacqueline fraîche et touchante comme une fleur battue du vent qui se redresse et se recolore entre deux orages.

Le dîner s’achevait dans une cordialité charmante, quand Lachaume interpella Vallier :

— As-tu lu les journaux du soir ? Quel est le