Page:Tinayre - La Rancon.djvu/98

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des arbres, où l’on ne trouve pas de Parisiens et où vous n’êtes pas allé avec… avec des femmes…

— Vous êtes donc jalouse ?

— Si je n’étais pas jalouse, je ne vous aimerais pas, fit-elle sincèrement. Dites, Étienne, vous avez aimé beaucoup de femmes ?

— Je n’ai aimé que vous. Ne parlons pas de mes vieilles erreurs.

Après maintes délibérations, ils prirent le train de Versailles. Ce n’était pas la première fois qu’ils sortaient ensemble, mais leurs promenades n’avaient jamais dépassé les faubourgs, le bois de Boulogne, les proches banlieues. Jacqueline s’était ingéniée à distraire Étienne de ses tristesses. Sans troubler son travail, elle ne perdait aucune occasion de le rencontrer, soit chez lui, soit dehors, soit chez des amis intimes… Ils avaient convenu d’abord de ne jamais reparler de leur passion. Mais comment échapper aux pièges de l’amour qui suscite les doutes pour favoriser les confidences ? Malgré lui, Étienne suivait Jacqueline dans cette voie de l’intimité où elle s’engageait hardiment. Puis le souvenir de rares baisers échangés avait tourmenté l’amoureux. Il n’avait pas résisté au plaisir d’appuyer sa bouche sur la chevelure parfumée,