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— Eh bien, je me rends de suite auprès de votre ballon. »

Puis le commandant en chef de la deuxième armée dit à son aide de camp :

« Faites seller mes chevaux ; je pars de suite. »

Je me sauve, en courant de joie, prévenir notre équipe, afin de tout disposer pour l’ascension.

Je monte dans la nacelle pour faire une ascension préliminaire, mais l’air est agité, le ballon se penche avec violence, il ne faut pas songer à s’élever très haut. Je suis seul dans mon panier d’osier, je jette par-dessus bord plusieurs sacs de lest, pour donner au ballon une force ascensionnelle capable de résister à l’effort de la brise. Je parviens à m’élever à 30 mètres de haut, mais, à cette hauteur, un coup de vent me fait décrire au bout des câbles un grand arc de cercle qui me jette presque au-dessus des maisons avoisinant le point de départ. Deux sacs de lest vidés à propos me ramènent sur la verticale. Cette expérience montre clairement que, malgré le vent, l’ascension est possible ; on pourra montrer au général Chanzy ce dont les ballons sont capables. À la hauteur où j’ai pu m’élever, les horizons du Mans s’étendaient sous mes yeux comme un vaste panorama, au milieu duquel j’apercevais distinctement les tentes du camp de Pontlieu.