Page:Tite Live - Histoire romaine (volume 1), traduction Nisard, 1864.djvu/21

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AVIS DES ÉDITEURS.


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Cette traduction est l’ouvrage de plusieurs mains. À l’époque où nous vivons, il n’est personne qui, remplissant d’ailleurs toutes les conditions de savoir et de talent qu’exige une oeuvre de ce genre, soit assez libre de l’emploi de son temps pour se dévouer pendant plusieurs années à traduire un auteur aussi volumineux que Tite-Live. On sait de plus le peu de réputation littéraire que le public y attache ; et ce n’est pas une des moindres contradictions de ce temps, que plus il est devenu nécessaire d’y populariser les traductions des auteurs anciens, plus le temps manque pour les entreprendre, et moins la tâche en est appréciée.

Il n’y a qu’un moyen de mener à fin une traduction nouvelle de Tite-Live, c’est d’en charger plusieurs personnes. C’est ce qui a été fait pour celle-ci. Du reste, la distribution de ce grand travail n’a pas été arbitraire. Parmi plusieurs traducteurs, tous également versés dans la latinité, chacun a pris la portion de l’ouvrage qu’il avait étudiée particulièrement, soit par goût, soit pour en avoir fait, comme professeur, le sujet de son enseignement. Il en est résulté une traduction sans langueur et sans passages sacrifiés, où ce qui n’eût été dans une traduction faite par une seule main qu’un de ces morceaux de répit, pour ainsi parler, où l’auteur se serait cru le droit de se relâcher, est devenu, dans une traduction partagée entre plusieurs personnes, un morceau de choix, où l’auteur a redoublé d’efforts et de soins.

Si nous ne craignions rien tant que de paraître rechercher le paradoxe, surtout dans un avertissement qui doit être pour nous une affaire de conscience, nous dirions qu’il nous semble même qu’une traduction qui est l’œuvre de plusieurs peut avoir plus de vivacité et de naturel qu’une traduction faite par Un seul, chacun terminant sa tâche avant que la lassitude se soit fait sentir. Toutefois, c’est à deux conditions : l’une, que toutes ces mains soient également habiles ; l’autre, que cette diversité n’empêche pas l’unité, sans laquelle une œuvre de ce genre, quel que fût d’ailleurs le talent particulier de chaque collaborateur, ne serait pas supportable.

Cette unité est précisément l’œuvre de la direction. C’est à elle qu’il appartient de veiller à ce que les mêmes mots, surtout lorsque ces mots sont des formules, soit religieuses, soit politiques, soient traduits de la même manière ; à ce que les mêmes tours, quand ils sont rappelés par les mêmes idées et les mêmes circonstances, soient exprimés en français par des formes identiques ; a ce que les disparates inévitables que pourraient offrir tous ces frag-