Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 9.djvu/192

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13 juillet 1829 annonçait qu’elles devaient se passer. Qu’a-t-il manque à M. Fouques-Duparc pour que son nom méritât de durer autant que la digue elle-même ? Le courage de montrer dès l'origine qu’on se trompait, et de soutenir hardiment devant Napoléon les idées qu’il soumettait, vingt ans après, à l’examen des ministres de Charles X.

A partir du moment où le système de M. Fouques-Duparc eut été admis, les travaux se poursuivirent avec rapidité. On entreprit, d’abord, la branche de l’est : c’était la moins longue et celle dont la base, la plus anciennement établie et la mieux conservée, facilitait le plus les travaux ; c’est, d’ailleurs, cette branche de la digue qui contribue le plus à donner de la tranquillité à l’avant port du nouvel arsenal, ce qui eut suffi pour expliquer qu’on eut commencé par elle. Cette partie de la digue est aujourd’hui achevée, sauf le musoir extrême vers la passe de l’est, qui servira de soubassement à un fort casemate à deux étages ; la branche de l’ouest, fondée sur toute son étendue et élevée sur toute sa longueur jusqu’au-dessus des hautes mers d’équinoxe, sera achevée complètement en 1850. La digue amenée à ce point ne sera pas encore parfaite ; elle garantira la rade contre la mer, elle ne la garantira pas suffisamment contre l’ennemi. Pour atteindre ce résultat, il y a encore trois grands ouvrages à entreprendre : le premier consiste à élever sur la base, fondée par Napoléon en 1811, au centre de la digue, le fort casematé et la batterie d’enveloppe définitive qui doivent remplacer les ouvrages provisoires qui existent aujourd’hui ; les deux autres auront pour objet déplacera l’extrémité de chacune des branches de la digue les forts casemates indiqués ci-dessus ; on dépensera pour ces trois ouvrages de fortification, environ sept millions. La digue ainsi terminée et armée n’aura pas coûté à la France moins de soixante-dix-sept millions. C’est assurément la plus grosse somme qu’une nation ait jamais mise à un seul ouvrage.

Quoique la digue ne soit pas encore complètement armée,