Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 9.djvu/195

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mille toises carrées de surface. Elle donnait à ces trois immenses excavations la position relative qu’elles occupent aujourd’hui. Le premier bassin était placé sur la même ligne que l’avant-port, et le second était situé un peu en arrière à l’ouest, et le long des deux premiers.

La Commission, tout en indiquant ce plan, déclarait, du reste, qu’elle doutait qu’il pût être exécuté. Elle prévoyait qu’on rencontrerait de très-grandes difficultés à le suivre, et dans le cas où ces difficultés seraient reconnues invincibles, elle proposait un autre système. Au lieu de creuser le port dans les terres, on irait le conquérir sur la mer elle-même, à l’instar de ce qui avait été fait au port de Toulon ; on n’ouvrirait pas à celle-ci de nouveaux espaces, on l’emprisonnerait à l’aide de digues circulaires dans l’intérieur desquelles les vaisseaux trouveraient un abri. Telles furent les idées de la Commission de 1792 ; elles restèrent stériles pendant toute la première période révolutionnaire : Napoléon les féconda. Quoique plus de dix ans se fussent écoulés depuis l’interruption des travaux, aucun de ceux qui y avaient pris part n’avait encore disparu. Le Premier Consul les réunit autour de lui, suivant en ceci, comme en tout le reste, cette politique vraiment grande qui le portait à faire concourir à ses desseins tous les Français, quels qu’eussent été leurs actes et leur parti. M. de la Bretonnière, qui revenait de l’émigration, se retrouva avec M. de Cessart, qui avait toujours servi le gouvernement de la République. Le jour même où la nouvelle Commission ainsi constituée fit son rapport (25 germinal an XI — 15 avril 1805), un décret du Premier Consul ordonna de construire, dans la rade de Cherbourg, un avant-port et un port capable de contenir dix-sept vaisseaux de guerre. Le même décret déclarait que ce port serait complété plus tard par un bassin construit en arrière des deux autres et pouvant contenir vingt-cinq vaisseaux. C’était la reproduction exacte du premier plan qu’avait proposé la Commission de 1792. Quant au second, qui