Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 9.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parée, l’adoptèrent, contre ceux qui, l’ayant également préparée, la combattirent. En 1791, il entra dans l’Assemblée législative, dont ensuite il fut élu président.

Pendant son court séjour au sein de cette assemblée, M. de Cessac prit souvent la parole. Presque tous ses discours sont relatifs à l’organisation de l’armée. Tous manifestent un esprit net, simple et clair. On voit que M. de Cessac était du nombre des hommes qui rendirent le plus de services à la révolution, précisément parce qu’ils n’avaient point le naturel révolutionnaire, et qui, mêlant à sa fougue leur goût régulier et organisateur, firent triompher sa cause sans lui appartenir. Il ne faut pas croire que ce soit toujours ceux qui s’abandonnent le plus aux penchants instinctifs de leur parti qui lui obtiennent la victoire. Le contraire se fait voir fréquemment. Presque tous les partis périssent par l’exagération et l’abus du principe même qui fait leur force. C’est là leur maladie la plus commune et la plus dangereuse, et l’homme qui les sert le mieux est souvent celui qui apporte au service de leurs idées un autre esprit que le leur.

Tel fut M. de Cessac, quoiqu’il ait longtemps vécu au milieu de générations qui avaient préparé ou proclamé la république ; on peut dire qu’il appartenait naturellement à cette race d’hommes destinée par la Providence à faire la force et l’honneur des monarchies absolues ; race secondaire, mais grande encore.

Les souverains absolus trouvent en effet sous leurs mains deux espèces de serviteurs qu’il ne faut pas con-