Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 9.djvu/39

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fit quelque chose de plus rare, peut-être, et de plus difficile que de sortir pauvre du pouvoir, il en sortit avec des richesses dont tout le monde connaissait et honorait la source : toutes étaient dues à l’estime magnifique de l’empereur.

À la restauration, M, de Cessac entra dans la retraite, dont on peut dire qu’il est à peine sorti depuis.

Il porta dans la vie privée le même esprit qu’il avait montré dans la vie publique. Il avait fait des choses considérables avec simplicité. Il en fit de peu importantes avec dignité. L’idée du devoir, présente partout, grandissait tout.

Un esprit naturellement si régulier, si modéré et si contenu, n’avait jamais été bien loin des croyances religieuses. La retraite acheva de le ramener vers la foi.

Quand, retiré des affaires publiques, il put considérer d’un œil calme et pénétrant le tableau de sa vie, qui était aussi celui de son temps, et qu’il chercha ce qu’avaient produit ces événements mémorables et ces rares génies qui lui avaient paru remuer le monde, la grandeur de Dieu et notre petitesse durent éclater en quelque sorte à ses regards.

Il vit une immense révolution entreprise pour la liberté et aboutissant au despotisme ; un empire qui avait semblé toucher à la monarchie universelle, détruit par la main des étrangers dans sa capitale ; un homme qu’il avait cru plus grand que l’humanité, trouvant en lui-même sa propre ruine, et se précipitant du trône, alors que nul n’était plus assez fort pour l’en arracher. Se