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DE LA CLASSE MOYENNE
ET DU PEUPLE[1]


Tandis qu’une agitation sourde commence à se laisser apercevoir dans le sein des classes inférieures, qui, d’après nos lois, doivent cependant rester étrangères à la vie publique, on voit régner une sorte de langueur mortelle dans la sphère légale de la politique.

Il n’y a peut-être jamais eu, en aucun temps, ni en aucun pays, en exceptant l’Assemblée constituante, un parlement qui ait renfermé des talents plus divers et plus brillants que le nôtre aujourd’hui. Cependant le gros de la nation regarde à peine ce qui se passe et n’écoute presque point ce qui se dit sur le théâtre officiel de ses affaires ; et les acteurs eux-mêmes qui y paraissent, plus préoccupés de ce qu’ils cachent que de ce qu’ils montrent, ne semblent pas prendre fort

  1. Ce morceau, qui porte la date du mois d’octobre 1847, n’est que l’ébauche d’un manifeste que Tocqueville et quelques-uns de ses amis politiques, dans une sorte de pressentiment des événements qui étaient proches, avaient eu la pensée de publier.